Le 20 avril 1814, une foule pour partie stipendiée défenestrait le ministre des Finances du Royaume d’Italie, Giuseppe Prina, et le traînait pendant des heures, agonisant, dans les rues de Milan, sans susciter de réaction probante des autorités. « Il était nécessaire de faire en sorte que la population milanaise passe si bien la mesure qu’il lui devînt impossible de se réconcilier avec le gouvernement existant », commentait en 1847 Cristina di Belgiojoso, laquelle discernait dans cet assassinat l’action mûrement réfléchie de qui avait voulu compromettre irrémédiablement les Milanais à l’endroit du pouvoir napoléonien afin de hâter la chute du Royaume d’Italie. Mais qu’il soit lu comme une catastrophe ou comme le retour apaisant à une situation politique héritière de l’ordre ancien, l’écroulement de cette entité étatique créée par la volonté de Napoléon en Italie du nord, se ressent de l’ambiguïté des interprétations auxquelles il a donné lieu, entre la disparition d’un empire perçu comme oppression étrangère et le triomphe d’un autre, l’Autriche, qui allait verrouiller l’évolution politique des États de la péninsule pendant près d’un demi-siècle. La chute du Royaume d’Italie (1814) et la culture du Risorgimento travaille au cœur de cette ambiguïté et analyse les représentations que le Royaume d’Italie a engendrées et les résonances multiples qu’il a suscitées, tout au long du processus risorgimentale, dans la culture italienne et tessinoise.