Des femmes en deuil envahissent l’espace du théâtre. Ces suppliantes viennent d’Argos demander l’aide de Thésée et d’Athènes pour que leur soient rendus leurs morts tombés au combat contre Thèbes. Le droit aux rites funéraires était sacré aux yeux des Grecs. Le bafouer était considéré comme une extrême violence. L’émotion et les questions, toujours actuelles, que suscite la pièce d’Euripide sont à l’origine de ce volume consacré à l’expérience menée par l’association THEATRA II, le Théâtre du Jour d’Athènes et son école crétoise, au cours des années 2017-2019. L’hypothèse fondamentale de notre recherche porte sur la « mise en espace » des tragédies antiques ou comment structurer l’espace scénique pour mettre en évidence le sens de l’oeuvre dans un dialogue entre analyse du texte et notions qui définissent cet espace scénique : l’espace composé signifie, et, porteur de sens, il émet une signification. Le groupe a pris pour texte de référence une nouvelle traduction (par Jacqueline Razgonnikoff), réalisée, épurée, au plus près du texte original. Cet ouvrage fait la somme des expériences intellectuelles, théoriques et pratiques faites en France et en Grèce : analyse textuelle, expérimentations dans un théâtre à ciel ouvert, séminaires largement ouverts sur des préoccupations contemporaines, enfin représentations en Crète en 2019. Il permet de s’immerger dans la richesse de ces échanges, appuyés par quelques illustrations de ce que nous appelons mise en espace et par des témoignages plus personnels des participants. En 2021, les Suppliantes d’Euripide, créées au Ve siècle avant Jésus-Christ, nous parlent et vous parleront encore longtemps…