Ce livre revient sur le malaise du philosophe dans les cités de l’homme le long des siècles de la tradition occidentale. Dans un premier temps, l’auteur retrace l’expérience platonicienne de la philosophie chez Al-Fârâbî (872-950) et Averroès (1126-1198), au moment de l’apogée de la culture arabo-musulmane, et chez Rousseau, au siècle des Lumières. Politique, loi, éducation constituent autant d’expériences d’un malaise philosophique devant l’ordre de la cité. Ensuite, il reprend la figure du Don Quichotte de Miguel de Cervantès (1547-1616) : une figure étrange, avatar de la noblesse d’une âme philosophique à l’aube d’une modernité désenchantrice. C’est aussi l’expérience du jeune héros balzacien des Illusions perdues, Lucien Chardon. Balzac récite la corruption et l’échec d’une nature philosophe, perdue dans le nouvel ordre métropolitain, incompatible avec l’ordre de l’âme. Enfin, l’auteur analyse un jeu de volontés qui s’inscrit au programme de la réalisation philosophique des modernes dans le monde : la volonté de changer le passé, la volonté de chance, la volonté de liberté sans entraves.