Il semble bien que le Monténégro et le peuple monténégrin aient été en France et sans doute en Europe – Venise exceptée – l’objet d’une découverte et d’une identification tardives. Aux lendemains de la Révolution, au cours des guerres impériales, Vialla de Sommières se heurte, au bas des murailles de Raguse, à la résistance farouche des Monténégrins. Le militaire philosophe, formé aux leçons des Lumières et de Voltaire, découvre qu’il n’est nul besoin de changer de continent pour découvrir des peuples inconnus. En même temps qu’il découvre – comme tant d’autres dans les pays envahis par les armées de Napoléon ,- que la liberté et sa défense ne sont pas le monopole des peuples qui se perçoivent comme les plus avancés sur la voie du progrès. En ce sens, pour Vialla de Sommières et sans doute pour ses lecteurs, le Monténégro archaïque, guerrier et religieusement fanatique – mais aussi passionnément libre – constitue bien une surprise de l’histoire. Tout autant que l’indomptable Espagne.