Préface d’Anne Schneider
On ne peut plus dire qu’on ne savait pas !
De 1967 à 1977, Leïla Sebbar a mené une grande enquête publiée en France sur les violences sexuelles et sexistes que subissent les petites filles. Remarqué par la presse de l’époque, l’essai, fondé sur des dossiers judiciaires, des interviews de femmes en prison, des notes de services sociaux dresse un effroyable état des lieux des violences faites aux femmes et aux petites filles. Viols, violences physiques et psychologiques, incestes, pédophilie, négligences, maltraitances, le continuum des violences est décrit, à un moment où celui-ci n’avait pas encore été théorisé, et bien avant les ouvrages post-#Me-Too qui ont défrayé la chronique.
Il nous a semblé important de rééditer aujourd’hui cet ouvrage car il constitue un travail essentiel dans l’historiographie des violences sexistes et sexuelles au temps de la deuxième vague du féminisme. Il permet de prendre conscience de l’invisibilisation permanente des violences familiales, domestiques, patriarcales, archaïques qui impactent encore nos sociétés.
La lecture de ce livre est bouleversante, mais nécessaire : « tant qu’il y aura sur terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles », pour reprendre la préface des Misérables de Victor Hugo.
Presse
« Leïla Sebbar considère aujourd’hui « qu’il faut poursuivre la révolte ». Le mouvement #MeToo est le meilleur outil pour le faire à ses yeux. Il a permis de réelles avancées, sur le harcèlement notamment, « il y a une tolérance qui n’est plus de mise ». « Pour moi, #MeToo est révolutionnaire car les femmes ne renoncent pas à dénoncer, elles n’ont pas peur de faire ce geste-là, ajoute-t-elle. Au moment du MLF et des débuts du féminisme, on n’a pas osé faire ça alors que ça veut dire quelque chose. C’est dire que l’agresseur doit prendre conscience du fait qu’il est criminel. » » Médiapart, Faïza Zerouala