L’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost, traduction de la compilation anglaise A New General History of Voyages and Travels, comble un manque dans le paysage des écrits de voyages français du XVIIIe siècle. À l’inverse de l’Angleterre, la France accuse alors un retard dans la production de compilations de ce type. La traduction réalisée par l’abbé Prévost arrive à point nommé, ce qui explique en partie son succès. Cet inventaire nouveau et en français des voyages extra-européens implique un réseau de représentations dont la strate traduite ne constitue qu’un élément. Que cette traduction soit le fait de Prévost, romancier reconnu, interroge : la littérature de voyage exige en effet d’abord la vérité des faits. Intervient également la transposition – ou la traduction – des illustrations, médiatrices privilégiées de l’ailleurs. Dans une société qui privilégie l’accès au savoir par l’observation, leur impact s’avère conséquent même s’il demeure indissociable des effets textuels. Centrée sur les sept premiers tomes traduits de l’Histoire générale des voyages, cette étude vise à réinterroger une œuvre en plaçant l’accent sur ce qu’elle est d’abord : une traduction.