Jacques Saurel, né en 1933, aurait très bien pu connaître le sort réservé à nombre d’enfants de parents juifs émigrés de Pologne dans l’entre-deux-guerres : Auschwitz et la chambre à gaz. C’est à son père qu’;il doit dans un premier temps de ne pas être inquiété : engagé volontaire, puis prisonnier de guerre, celui-ci est protégé comme sa famille par la Convention de Genève. Mais les nazis cherchent des otages à déporter. Ainsi, début février 1944, Jacques, sa sœur aînée (la cadette est cachée) et son petit frère sont internés à Drancy avec leur mère, puis déportés à Bergen-Belsen. C’est alors à cette dernière qu’ils doivent leur survie. S’ils bénéficient de conditions « privilégiées » puisque les nazis veulent s’;en servir comme monnaie d’échange, ces enfants n’auraient jamais survécu sans le soutien moral et les sacrifices de leur mère. D’autant que les conditions de vie, déjà très difficiles, se dégradent à partir de l’automne 1944, à mesure qu’affluent les rescapés des évacuations des camps de l’Est. Le camp de Bergen-Belsen, dont l’organisation se délite, devient alors un véritable mouroir. Jacques et les siens recouvrent la liberté après avoir connu en avril 1945 les affres supplémentaires des errances du « Train fantôme » dont la moitié des 2 000 Juifs évacués du « camp de l’étoile » perdent la vie. Ils ne retrouvent leur père à l’hôtel Lutetia que le 25 juin 1945. S’ils sont restés en vie, il n’en va pas de même des autres membres de la famille en France. De ceux qui vivaient en Pologne, plus de trace. De cette confrontation à l’horreur, si jeune, dont il a réchappé il ne sait comment, Jacques s’est forgé une passion : la vie.
À retrouver dans la rubrique « Mémoire » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah :
https://www.fondationshoah.org/memoire/collection/de-drancy-bergen-belsen-1944-1945-souvenirs-rassembles-dun-enfant-deporte-jacques-saurel