Gryner, « vert » en yiddish, est le terme employé par les Juifs d’Europe de l’Est immigrés en France avant la Seconde Guerre mondiale pour désigner ceux des leurs « nouveaux venus », arrivés après celle-ci. Leurs motivations étaient diverses, mais ils avaient en commun celle de ne plus vivre dans un « pays-cimetière » où leurs proches avaient été exterminés.
La présente étude propose une approche historico-sociologique de cette population à travers les parcours de survivants de la Shoah originaires de Pologne. Elle s’est traduite par une importante campagne d’entretiens avec ces Gryner ou leurs enfants, menée sous couvert du Farband-Union des sociétés juives de France en partenariat avec la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. L’analyse de ces témoignages est venue enrichir celle des interviews antérieures, et s’ajouter aux recherches effectuées dans des fonds d’archives et dans la littérature disponible. Cette synthèse nous permet désormais de mieux appréhender le passé traumatique de ces Juifs polonais, leurs motivations à s’exiler, leur choix de reconstruire une vie familiale et professionnelle en France, leurs sociabilités et modalités d’intégration dans la société française de l’après-guerre. Elle jette ainsi les bases d’un champ d’étude encore peu défriché.
À retrouver dans la rubrique « Mémoire » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah :
https://www.fondationshoah.org/memoire/les-gryner-1945-1953-sabine-zeitoun