Les années passent… Les témoins de la Shoah disparaissent… Durant toute leur enfance, mes trois filles m’ont écouté raconter comment j’avais eu la chance de survivre aux années noires de l’Occupation et du régime de Vichy, quand ma vie et celle des miens étaient menacées parce que nous étions juifs.
J’ai rédigé ce récit en 2005 pour le transmettre à mes huit petits-enfants. C’est à eux que je dédie ces Mémoires. Je veux qu’ils sachent comment j’ai dû, dès 7 ans, acquérir la maturité nécessaire pour affronter le danger. Car le danger m’a suivi toute mon enfance : de la traversée clandestine de la ligne de démarcation en 1941 au passage de la frontière suisse en 1944, de la ville à la campagne. D’un domicile, d’un milieu, d’une école à l’autre, constamment, j’ai du rester sur le qui-vive.
Ma survie, je la dois bien sûr à mes parents, et particulièrement à mon père, qui sentait le danger et savait trouver l’échappatoire. Lui-même se sauva du pire par trois fois. Il échappa notamment à la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, le 9 février 1943.
Au-delà de ces souvenirs de la guerre, j’ai aussi voulu raconter mes origines. Dans ce but, j’ai fait traduire le début des mémoires rédigées en yiddish pendant la guerre par mon grand-père paternel, alors qu’il était caché lui-même, avec ses enfants, dans un village du Lot-et-Garonne.
J’ai tenu à ajouter à ces récits des photos prises entre 1945 et 2020. Elles illustrent ma résilience. En témoigne l’élargissement de ma famille, jusqu’à la naissance de mes deux arrière petits-fils : Virgile-Lejb (du prénom de mon père) et Noah. Autant de victoires sur les menées exterminatrices nazies.
Albert Lamantowicz
décembre 2020
À retrouver dans la rubrique « Mémoire » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah :
https://www.fondationshoah.org/memoire/peregrinations-dun-enfant-juif-de-1939-1945-albert-lamantowicz